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des Gaules[1], tandis que lui, Crispus, malgré son âge et ses services récens et signalés, au lieu de se voir élevé au rang d’Auguste, demeurait comme enchaîné à la cour de son père, et exposé, sans crédit et sans autorité, à toutes les calomnies dont il plaisait à ses ennemis de le noircir. Il est assez probable que, dans ces circonstances difficiles, le jeune prince n’eut pas toujours la sagesse de veiller à sa conduite, de contenir son ressentiment, et on ne doit pas douter qu’il ne fût entouré d’un nombre de courtisans perfides ou indiscrets, témoins de l’imprudente chaleur de ses emportemens, toujours occupés à l’enflammer, et peut-être instruits à le trahir. Un édit qui fut publié vers ce temps-là par Constantin annonce qu’il croyait ou feignait de croire à une conspiration formée contre sa personne et son gouvernement. Il invite les délateurs de toutes les classes, en leur promettant des honneurs et des récompenses, à accuser sans exception les magistrats, les ministres, et jusqu’à ses plus intimes favoris : après avoir donné sa parole royale qu’il entendra

  1. Comparez Idatius et la Chronique de Pascal avec Ammien (l. XIV, c. 5). L’année où Constance fut créé César, paraît avoir été fixée d’une manière plus exacte par les deux chronologistes ; mais l’historien qui vivait dans sa cour, ne pouvait ignorer le jour de l’anniversaire. Quant à la nomination du nouveau César au commandement des provinces de la Gaule, voyez Julien, orat. 1, p. 12 ; Godefroy, Chron., legum, page 26 ; et Blondel, de la Primauté de l’Église, p. 1183.