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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/424

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Sa condamnation et son supplice suivirent immédiatement l’accusation ; on l’étouffa dans un bain poussé à un degré de chaleur auquel il était impossible qu’elle résistât[1]. Le lecteur croira peut-être que le souvenir d’une union de vingt ans, et l’honneur des héritiers du trône auraient pu adoucir en faveur de leur mère l’extrême rigueur de Constantin, et lui faire souffrir que sa criminelle épouse expiât sa faute dans la solitude d’une prison ; mais ce serait une peine inutile que d’examiner l’équité de cet arrêt ; quand le fait même est accompagné de circonstances si douteuses et si confuses, que nous ne pouvons en affirmer la vérité. Les accusateurs et les défenseurs de Constantin ont également négligé deux passages remarquables de deux harangues prononcées sous le règne suivant. La première célèbre la beauté, la vertu et le bonheur de l’impératrice Fausta, fille, femme, sœur et mère de tant de princes ; la seconde assure en termes précis, que la mère du jeune Constantin, qui fut tué trois ans après la mort de son père, vécut pour pleurer la perte de son fils[2]. Malgré le témoignage positif de différens

    années s’écoulèrent entre la mort de Crispus et celle de Fausta. Victor l’ancien se tait prudemment.

  1. Si Fausta fut mise à mort, il est raisonnable de croire qu’elle fut exécutée dans l’intérieur du palais. L’orateur saint Chrysostôme donne carrière à son imagination ; il expose l’impératrice nue sur une montagne déserte ; et la fait dévorer par des bêtes sauvages.
  2. Julien (orat. 1) semble l’appeler la mère de Crispus ;