Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/469

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haranguer leurs troupes dans les occasions solennelles ou importantes. Les Romains et les Barbares, régulièrement rangés, l’épée nue à la main ou la lance en arrêt, les escadrons de cavalerie et les cohortes d’infanterie distingués par la variété de leurs armes et de leurs enseignes, formaient un cercle immense autour du tribunal ; tous gardaient un silence attentif, interrompu quelquefois par les clameurs ou les applaudissemens. Les deux empereurs furent sommés d’expliquer la situation des affaires publiques en présence de cette formidable assemblée. On accorda la préséance du rang à la naissance royale de Constance ; et quoique peu versé dans l’art de la rhétorique, il mit dans son discours de la fermeté, de l’adresse et de l’éloquence. La première partie ne semblait attaquer que le tyran des Gaules ; mais après avoir déploré le meurtre de Constans, il insinua que son frère avait seul le droit de réclamer sa succession ; et, s’étendant avec complaisance sur les actions glorieuses de la race impériale, il rappela aux soldats la valeur, les triomphes et la libéralité du grand Constantin, dont les fils avaient reçu leur serment de fidélité, qu’ils n’avaient rompu qu’entraînés par l’ingratitude de ses plus intimes favoris. Les officiers qui environnaient le tribunal, instruits du rôle qu’ils devaient jouer dans cette scène extraordinaire, parurent entraînés par le pouvoir irrésistible de la justice et de l’éloquence ; et ils saluèrent l’empereur Constance comme leur légitime souverain. Le sentiment du repentir et de la