Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/470

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fidélité gagna de rang en rang, et bientôt la plaine de Sardica retentit de l’acclamation unanime de : « À bas ces parvenus usurpateurs ! longue vie et victoire au fils de Constantin ! ce n’est que sous ses drapeaux que nous voulons combattre et vaincre. » Le cri universel, les gestes menaçans et le cliquetis des armes, subjuguèrent le courage étonné de Vétranio, qui contemplait dans un silence stupide, la défection de son armée. Au lieu d’avoir recours au dernier refuge d’un généreux désespoir, il se soumit docilement à son sort, et se dépouillant du diadème à la vue des deux armées, il se prosterna aux pieds de son vainqueur. Constance usa de la victoire avec une prudente modération, et relevant lui-même ce vieillard suppliant qu’il affectait d’appeler du tendre nom de père, il lui prêta la main pour descendre du trône. La ville de Pruse fut assignée pour retraite au monarque détrôné, qui y vécut six ans dans l’opulence et dans la tranquillité. Il se félicitait souvent des bontés de Constance, et conseillait à son bienfaiteur, avec une aimable simplicité, de quitter le sceptre du monde et de chercher le bonheur dans une obscurité paisible, qui pouvait seule le procurer[1].

Fait la guerre à Magnence. A. D. 351.

La conduite de Constance dans cette occasion mé-

  1. Victor le jeune, en parlant de l’exil de Vétranio, emploie cette expression remarquable : voluptarium otium. Socrate (l. II, c. 28) atteste la correspondance avec l’empereur, et qui semble prouver que Vétranio était en effet propè ad stultitiam simplicissimus.