Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/474

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portes, et par un assaut précipité, avait presque escaladé les murs de la ville. La vigilante garnison éteignit les flammes. L’approche de Constance ne lui laissa pas le temps de continuer le siége, et l’empereur détruisit bientôt l’obstacle qui gênait seul les mouvemens de son armée, en forçant un corps de troupes qui s’était posté dans un amphithéâtre voisin de la ville. Le champ de bataille qui environnait Mursa était une plaine unie et découverte. L’armée de Constance s’y rangea en bataille : elle avait à sa droite la Drave ; et sa gauche, soit à raison de l’ordre de bataille ou de la supériorité en cavalerie, dépassait de beaucoup la droite des ennemis[1]. Les deux armées restèrent une partie de la matinée sous les armes dans une inquiète attente ; et le fils de Constantin, après avoir animé ses soldats par un discours éloquent, se retira dans une église, à quelque distance du champ de bataille, et remit à ses généraux la conduite de cette journée décisive[2]. Ils se montrèrent dignes de sa confiance par leur valeur et par

  1. Julien (orat. 1, p. 36) décrit nettement, mais en peu de mots, cette position et les évolutions subséquentes.
  2. Sulpice-Sévère, liv. II, p. 405. L’empereur passa la journée en prière avec l’arien Valens, évêque de Mursa, qui gagna sa confiance en prédisant le succès de la bataille. M. de Tillemont (Hist. des Emper., t. IV, p. 1110) remarque avec raison le silence de Julien sur les exploits personnels de Constance à la bataille de Mursa. Le silence de la flatterie équivaut quelquefois au témoignage le plus authentique et le plus positif.