Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/69

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l’on entendait le démon vaincu avouer que sous le nom d’un faux dieu du paganisme, il avait usurpé pendant long-temps l’adoration du genre humain[1]. Mais la guérison miraculeuse des maladies les plus invétérées, et même des maladies surnaturelles, ne causera plus de surprise, si l’on se rappelle que du temps de saint Irénée, vers la fin du second siècle, la résurrection des morts ne paraissait point un événement extraordinaire ; que dans les occasions nécessaires, les longs jeûnes et les supplications réunies de tous les fidèles du lieu, suffisaient souvent pour opérer le miracle, et que les personnes ainsi rendues aux prières de leurs frères, avaient vécu plusieurs années parmi eux[2]. Dans une période où la foi pouvait se vanter d’avoir remporté tant de victoires étonnantes sur la mort, il est difficile d’expliquer le septicisme de ces philosophes qui rejetaient ou qui osaient tourner en ridicule la doctrine de la résurrection. Un Grec d’une naissance distinguée, défendant le parti de l’erreur contre Théophile, évêque d’Antioche, réduisit toute la dispute à un seul point, à la vérité très-important. Il promit que si on pou-

  1. Tertullien (Apolog., c. 23) donne hardiment un défi aux magistrats païens. De tous les miracles primitifs, le pouvoir d’exorciser est le seul auquel les protestans aient jamais prétendu.
  2. Saint Irénée, advers. hæres., l. II, 56, 57 ; l. V, c. 6 ; M. Dodwell (Dissertat. ad Ireneum, II, 42), conclut que le second siècle a été encore plus fertile en miracles que le premier.