Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/80

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tion. Si l’amour du plaisir est épuré par l’art et par la science, s’il est embelli par les charmes de la société, et qu’il soit modifié par les justes égards qu’exigent la prudence, la santé et la réputation, il produit la plus grande partie du bonheur que l’homme goûte dans la vie privée. L’amour de l’action est un principe d’une espèce plus forte, et dont les effets ne sont pas si certains ; souvent il mène à la colère, à l’ambition, à la vengeance ; mais lorsqu’il est dirigé par un sentiment d’honnêteté et de bienfaisance, il enfante toutes les vertus ; et si ces vertus sont accompagnées de talens capables de les développer, une famille, un état ou un empire devra sa sûreté et sa prospérité au courage infatigable d’un seul homme. Nous pouvons donc attribuer à l’amour du plaisir la plupart des qualités aimables, à l’amour de l’action la plupart des qualités respectables et utiles. Un caractère sur lequel ces deux puissans mobiles agiraient de concert et dans une juste proportion, semblerait constituer l’idée la plus parfaite de la nature humaine. L’âme insensible et inactive que l’on ne supposerait dirigée par aucun de ces principes, serait unanimement rejetée de la société, comme incapable de procurer aucun bonheur à l’individu, ou aucun avantage public au monde. Mais ce n’était pas dans ce monde que les premiers chrétiens désiraient de se rendre agréables ou utiles.

Les premiers chrétiens condamnent les plaisirs et le luxe.

L’homme dont l’esprit a été cultivé par l’éducation, peut, dans ses momens de loisir, acquérir de