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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/91

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mœurs se corrompirent. Dans l’Église aussi-bien que dans le monde, ceux qui occupèrent quelque poste considérable se distinguèrent par leur éloquence et par leur fermeté, par la connaissance des hommes et par leur habileté dans les affaires. Et tandis qu’ils dérobaient aux autres, et qu’ils se cachaient peut-être à eux-mêmes les motifs secrets de leurs actions, ils retombaient trop souvent dans toutes les passions turbulentes de la vie active auxquelles le mélange du zèle religieux imprimait un nouveau degré d’amertume et d’opiniâtreté.

Liberté et égalité primitives de ce gouvernement.

Le gouvernement de l’Église a souvent été le sujet aussi-bien que le prix des disputes religieuses. Les docteurs de Rome, de Paris, d’Oxford et de Genève, perpétuellement divisés entre eux, se sont tous efforcés de réduire le modèle primitif et apostolique[1] aux systèmes respectifs de leur propre administration. Le petit nombre de ceux qui ont cherché à s’instruire avec plus de bonne foi et d’impartialité, pensent[2] que les apôtres évitèrent de s’ériger en législateurs, et qu’ils aimèrent mieux endurer quelques scandales et quelques divisions particulières, que d’ôter aux chrétiens des âges futurs la liberté de

  1. Le parti aristocratique, en France, aussi-bien qu’en Angleterre, a maintenu avec vigueur l’origine divine du pouvoir des évêques. Mais les prêtres calvinistes ne pouvaient souffrir un supérieur, et le pontife romain refusait de reconnaître un égal. Voyez Fra-Paolo.
  2. Dans l’histoire de la hiérarchie chrétienne, j’ai presque toujours suivi l’exact et savant Mosheim.