Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/95

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forme de gouvernement épiscopal, qui fut vraisemblablement institué avant la fin du premier siècle[1], parurent si frappans, et d’une telle importance pour la grandeur future et pour la paix présente du christianisme, qu’il fut adopté sans délai par toutes les sociétés déjà répandues dans l’empire. Dès les premiers temps il avait acquis la sanction de l’antiquité[2] ; aujourd’hui les Églises les plus puissantes, tant de l’Orient que de l’Occident, le révèrent encore comme un établissement primitif et même divin[3]. Il est inutile d’observer que les prêtres humbles et pieux qui furent d’abord revêtus de la dignité épiscopale, ne possédaient sûrement pas, et qu’ils auraient probablement rejeté le pouvoir et la pompe qui environnent maintenant la tiare du pontife romain ou la mitre d’un prélat allemand. Mais il est facile de tracer en peu de mots les limites étroites de leur juridiction, qui, principalement spirituelle dans son origine,

  1. Voyez l’introduction de l’Apocalypse. Les évêques, sous le nom d’anges, étaient déjà établis dans sept villes de l’Asie. Et cependant l’Épître de saint Clément (probablement d’aussi ancienne date) ne nous fait découvrir aucune trace d’épiscopat, soit à Corinthe, soit à Rome.
  2. Nulla ecclesia sine episcopo, a été un fait aussi-bien qu’une maxime depuis le temps de Tertullien et de saint Irenée.
  3. Après avoir passé les difficultés du premier siècle, nous trouvons le gouvernement épiscopal universellement établi, jusqu’à ce qu’il ait été renversé par le génie républicain des réformateurs suisses et allemands.