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vernaient chaque congrégation d’un commun accord et avec la même autorité[1].

Institution des évêques comme présidens du collége des prêtres.

Mais la plus parfaite égalité de liberté exige la main d’un magistrat supérieur qui la maintienne ; et l’ordre nécessaire dans les délibérations publiques crée bientôt un président, qui est au moins chargé de recueillir les voix de l’assemblée, et d’en exécuter les résolutions. Les premiers chrétiens, persuadés que les élections annuelles, ou faites seulement quand l’occasion l’exigerait, troubleraient souvent la tranquillité publique, se déterminèrent à former une magistrature perpétuelle et honorable, et à choisir parmi les prêtres le plus renommé par sa sainteté et par sa sagesse, pour remplir, durant sa vie, les devoirs de gouverneur ecclésiastique. Ce fut alors que le titre pompeux d’évêque commença de s’élever au-dessus de l’humble titre de prêtre. Tandis que le dernier de ces noms continuait à distinguer les membres de chaque sénat chrétien, l’autre exprimait la dignité de son nouveau président[2]. Les avantages de cette

  1. Hooker, Ecclesiastical Polity, l. VII.
  2. Voyez saint Jérôme, ad Titum, c. 1, et epist. 85 (dans l’édition des Bénédictins, 101), et l’apologie travaillée de Blondel, pro sententiis Hieronymi. L’ancien état de l’évêque et des prêtres d’Alexandrie, tel que l’a décrit saint Jérôme, se trouve confirmé d’une manière remarquable par le patriarche Eutychius (Annal., tom. I, p. 330, vers. Pococke), dont je ne saurais rejeter le témoignage, en dépit de toutes les objections du savant Pearson, dans ses Vindiciæ Ignatianæ, part. I, c. 11.