Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/99

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synodes convenait si bien à l’ambition particulière et à l’intérêt public, qu’en peu d’années, elle fut reçue dans tout l’empire. Les conciles provinciaux, par le moyen d’une correspondance régulière, se communiquaient et approuvaient mutuellement leurs actes respectifs. [Union de l’Église.]L’Église catholique prit bientôt la forme, et acquit toute la force d’une grande république confédérée[1].

Progrès de l’autorité épiscopale.

Comme l’usage des conciles abolit insensiblement l’autorité législative des Églises particulières, les évêques, par leurs liaisons, obtinrent une portion plus considérable de puissance exécutive et arbitraire. Réunis entre eux par leurs intérêts communs, ils furent en état d’attaquer avec vigueur les droits originaires de leur clergé et de leur peuple. Les prélats du troisième siècle changèrent imperceptiblement le langage de l’exhortation en celui du commandement ; ils jetèrent les semences de leurs usurpations futures, et suppléèrent au défaut de la force et de la raison, par des allégories tirées de l’Écriture sainte, et par des déclamations de rhéteurs. Ils exaltèrent l’unité et le pouvoir de l’Église, tels qu’ils étaient représentés dans l’office épiscopal dont chaque évê-

  1. Aguntur præterea per Græcias illas, certis in locis concilia, etc. Tertullien, De Jejuniis, c. 13. L’écrivain Africain en parle comme d’une institution récente et étrangère. La manière dont les Églises chrétiennes se sont unies, est fort habilement expliquée par Mosheim, p. 164-170.