Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/103

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supposer que quand elles passèrent les Alpes, un grand nombre de soldats avaient déjà consacré leur épée au service du Christ et de Constantin[1]. L’habitude générale et le zèle de la religion diminuèrent insensiblement l’horreur que les chrétiens avaient si long-temps conservée pour la guerre et pour l’effusion du sang. Dans les conciles qui s’assemblèrent sous la protection bienveillante de Constantin, les évêques ratifièrent, par leur autorité, l’obligation du serment militaire, et infligèrent la peine d’excommunication aux soldats qui quittaient leurs armes durant la paix de l’Église[2]. En même temps que Constantin augmentait dans ses états le nombre et le zèle de ses fidèles partisans, il se procurait une faction puissante dans les provinces qui obéissaient encore à ses rivaux. Une méfiance et un mécontentement secrets se répandaient parmi les sujets chrétiens de Maxence et de Licinius ; le ressentiment que ce dernier ne chercha point à cacher, ne servit qu’à augmenter leur attachement pour son compétiteur. La correspon-

  1. Cette indifférence des Germains se manifeste dans l’histoire de la conversion de toutes leurs tribus. Les légions de Constantin étaient recrutées de Germains. (Zosime, l. II, p. 86), et la cour même de son père avait été remplie de chrétiens. Voyez le premier livre de la Vie de Constantin, par Eusèbe.
  2. De his qui arma projiciunt in pace, placuit eos abstinere à communione. (Concile d’Arles, canon III.) Les plus savans critiques rapportent ces mots à la paix de l’Église.