Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/108

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tion était accompagné d’une paye considérable ; et des événemens heureux servirent à persuader que les gardes du labarum étaient invulnérables dans l’exercice de leurs fonctions. La seconde guerre civile apprit à Licinius à connaître et à craindre l’influence de cet étendard sacré, dont la vue avait animé les soldats de Constantin d’un enthousiasme invincible au moment du danger, et avait porté en même temps le désordre et la terreur dans les rangs des légions opposées[1]. Ceux des empereurs chrétiens qui respectèrent l’exemple de Constantin, déployèrent l’étendard sacré de la croix dans toutes leurs expéditions militaires ; mais quand les successeurs dégénérés de Théodose eurent cessé de paraître en personne à la tête de leurs armées, le labarum fut déposé dans le palais de Constantinople comme une relique vénérable, mais inutile[2]. Les médailles de la famille Flavienne attestent encore les honneurs qu’on lui

  1. Eusèb., in vit. Constant., l. II, c. 7, 8, 9. Il parle du labarum comme existant avant l’expédition d’Italie ; mais son récit semble indiquer qu’il ne parut à la tête des armées que plus de dix ans après, lorsque Constantin se déclara l’ennemi de Licinius et le libérateur de l’Église.
  2. Voyez Cod. Théod., l. VI, tit. 25 ; Sozomen., l. I, c. 2 ; Théoph., Chronograph., p. 11. Théophane vivait vers la fin du huitième siècle, près de cinq cents ans après Constantin. Les Grecs modernes ne furent point disposés à déployer dans la plaine l’étendard de l’empire et du christianisme ; prêts à fonder sur toutes sortes d’idées superstitieuses l’espoir de la défense, ils auraient trouvé que c’était une fiction trop hardie que de se promettre la victoire.