Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/235

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le concile de Nicée avec les disciples schismatiques de Mélèce[1]. Saint Athanase avait ouvertement désapprouvé cette paix ignominieuse ; et l’empereur se laissa persuader que le primat abusait de son autorité civile et ecclésiastique, pour persécuter des sectaires qui lui étaient odieux ; qu’il avait brisé d’une main sacrilège un calice dans une de leurs églises de Maræotis ; qu’il avait fait fouetter ou mettre en prison six de leurs évêques, et qu’il avait poussé la cruauté jusqu’à assassiner ou mutiler de sa propre main Arsène, autre prélat du même parti[2]. Ces accusations attaquaient l’honneur et la vie d’Athanase ; Constantin les remit à son frère Dalmatius-le-Censeur, qui résidait à Antioche. On assembla successivement des synodes à Tyr et à Césarée, et les évêques de l’Orient eurent ordre de juger le primat avant de procéder à la consécration de la nouvelle église de la Résurrection à Jérusalem. Athanase pouvait être sûr de sa propre innocence ; mais, persuadé que la haine qui avait dicté l’accusation, dicterait aussi les

  1. Les mélétiens d’Égypte, de même que les donatistes d’Afrique, prirent naissance dans une querelle épiscopale, produite par l’esprit de persécution. Je n’ai pas le loisir de suivre une controverse obscure, qui semble avoir été défigurée par la partialité de saint Athanase et l’ignorance de saint Épiphane. Voy. l’Hist. génér. de l’Égl., par Mosheim, vol. I, p. 201 (trad. angl.).
  2. Sozomène (l. II, c. 25) détaille la manière dont les six évêques furent traités. Mais saint Athanase, si abondant sur le sujet d’Arsène et du calice, ne fait pas la moindre réponse à cette grave accusation.