Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/236

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procédures et la sentence, il récusa prudemment le tribunal de ses ennemis, méprisa les ajournemens du synode de Césarée, et après de long délais, habilement concertés, ne se soumit enfin qu’à l’ordre absolu de l’empereur, qui menaçait de punir sa désobéissance s’il refusait de comparaître devant le concile de Tyr[1]. [A. D. 335.]Athanase, avant de quitter Alexandrie, à la tête de cinquante prélats d’Égypte, s’était sagement assuré le secours des mélétiens, et Arsène lui-même, la prétendue victime et l’ami secret du primat, était caché dans son cortège. Eusèbe de Césarée déploya dans le concile de Tyr, qu’il dirigeait, moins de prudence et plus de passion qu’on n’aurait dû en attendre de ses lumières et de son expérience. Sa nombreuse faction faisait retentir la salle des noms d’homicide et de tyran, et les clameurs étaient encouragées par la patience apparente d’Athanase, qui attendait en silence le moment de répondre d’une manière décisive, en faisant paraître au milieu de l’assemblée Arsène plein de vie et sans blessure. Il ne pouvait pas répondre d’une manière si évidente et si victorieuse aux autres accusations : cependant l’archevêque était en état de prouver que dans le village où on l’accusait d’avoir brisé un calice,

  1. Saint Athanase, t. I, p. 788 ; Socrate, l. I, c. 28 ; Sozomène, l. II, c. 25. L’empereur, dans sa lettre de convocation (Euseb., in vit. Constant., l. IV, c. 42), semble juger d’avance quelques membres du clergé ; et il était plus que probable que les évêques du synode appliqueraient ces reproches à saint Athanase.