Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/347

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avaient établies dans l’empire. Un motif de superstition l’empêcha d’exécuter le projet sur lequel il s’était souvent arrêté, de soustraire sa tête au joug d’un diadème trop chèrement payé[1]. Mais il refusa toujours le titre de dominus ou seigneur[2], dénomination devenue si familière aux Romains, qu’ils ne se rappelaient plus son origine servile et humiliante. Ce prince, à qui les débris de la république inspiraient un sentiment de respect, chérissait l’office ou plutôt le nom de consul ; il adopta par choix et par inclination la conduite qu’Auguste avait suivie par prudence. [A. D. 363, 1 janvier.]Aux calendes de janvier, les nouveaux consuls Mamertin et Nevitta vinrent, dès le point du jour, présenter leurs respects à l’empereur. Quand on l’eut informé de leur approche, il descendit de son trône, alla au-devant d’eux, et força les magistrats embarrassés de recevoir les démonstrations de

  1. Liban. (orat. Parent., c. 95, p. 320), qui rend compte du désir et du dessein de Julien, insinue en langage mystérieux (θεων ο‌υτω γνοντων… αλλ’ ην αμεινων ο κωλυων) que l’empereur en fut détourné par une révélation.
  2. Julien, in Misopogon, p. 343. Comme il n’abolit jamais par une loi publique les orgueilleuses dénominations de despote ou dominus, elles existent encore sur ses médailles. Ducange, Fam. byzant., p. 38, 39 ; et la répugnance qu’il affectait en particulier ne servait qu’à donner une tournure différente à la basse adulation des courtisans. L’abbé de La Bléterie (Hist. de Jovien, tom. II, p. 99-102) a suivi avec soin le mot dominus depuis son origine à travers toutes les différentes significations qu’il eut successivement sous le gouvernement impérial.