son humilité affectée. Du palais ils allèrent au sénat ; l’empereur à pied marchait devant leurs litières ; et la foule du peuple étonné admirait l’image des anciens temps, on blâmait peut-être en secret une conduite qui dégradait à ses yeux l’éclat de la pourpre[1]. Mais Julien ne se démentit dans aucune occasion. Tandis qu’il assistait un jour aux jeux du cirque, il affranchit, ou par inadvertance, ou peut-être à dessein, un esclave en présence du consul. Dès qu’on l’eut averti qu’il empiétait sur la juridiction d’un autre magistrat, il se condamna lui-même à payer une amende de dix livres d’or, et saisit cette occasion de prouver qu’il était, comme tous les citoyens, soumis aux lois et même aux formes de la république[2]. Des vues d’administration, et son respect pour le lieu de sa naissance, déterminèrent Julien à conférer au sénat de Constantinople les honneurs, les priviléges et l’autorité dont le sénat de
- ↑ Ammien, XXII, 7. Le consul Mamertin (in Panegyr. vet., XI, 28, 29, 30) célèbre cet heureux jour, comme un esclave éloquent étonné et enivré de la bonté de son maître.
- ↑ Les lois des Douze-Tables condamnaient les satires personnelles.
Si malè condiderit in quem quis carmina, jus est,
Judiciumque.Julien, dans son Misopogon (p. 337), avoue lui-même avoir encouru la peine portée par la loi ; et l’abbé de La Bléterie (Hist. de Jovien, t. II) a saisi avidement une déclaration si favorable à son propre sentiment et au véritable esprit de la constitution impériale.