Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/354

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quoiqu’il méditât une réforme nécessaire dans la jurisprudence romaine, il prononçait ses sentences conformément au sens strict et littéral des lois établies, qui devaient servir de règle aux magistrats et aux citoyens.

Son caractère.

Si l’on dépouillait quelques princes de leur rang et de leurs richesses, si on les jetait nus au milieu du monde, ils tomberaient à l’instant dans la dernière classe, sans espoir de se tirer jamais de l’obscurité. Mais le mérite personnel de Julien était indépendant de sa fortune. Quelque état qu’il eût embrassé, l’intrépidité de son courage, la vivacité de son esprit, et la constance de son application, lui auraient obtenu, ou au moins lui auraient mérité les premiers honneurs de sa profession. Julien, dans un pays où il serait né simple citoyen, aurait pu s’élever, par son génie, au rang de ministre ou de général. Si la jalousie capricieuse de l’autorité avait trompé ses espérances, s’il s’était éloigné sagement des sentiers de la grandeur, l’exercice de ces mêmes talens, dans une studieuse solitude, aurait mis hors de l’atteinte des rois, le bonheur de sa vie et l’immortalité de sa gloire. Quand on examine le portrait de Julien avec une attention minutieuse ou peut-être malveillante, quelque chose semble manquer à la grâce et à la perfection de la figure. Son génie était moins vaste et moins sublime que celui de César, et il n’égalait point Au-

    latinité de Julien. Son style est nerveux et soigné ; mais il écrivait plus purement en grec.