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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/355

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guste en prudence. Les vertus de Trajan paraissent plus sûres et plus naturelles ; la philosophie de Marc-Aurèle est plus simple et plus suivie. Cependant Julien a soutenu courageusement l’adversité, et il a joui de sa fortune avec modération. Après un intervalle de cent vingt ans, depuis la mort d’Alexandre-Sévère, les Romains virent paraître un empereur qui ne connaissait point d’autres plaisirs que ses devoirs, qui travaillait à soulager les malheureux et à ranimer le courage de ses sujets, qui tâchait de joindre toujours le mérite à l’autorité, et de donner le bonheur à la vertu. L’esprit de parti lui-même, et pour dire encore plus, l’esprit de parti religieux a été forcé de rendre hommage à la supériorité de son génie dans la paix et dans la guerre, et d’avouer, en soupirant, que Julien l’Apostat aimait son pays et méritait l’empire de l’univers[1].



  1. Ductor fortissimus armis ;
    Conditor et legum celeberrimus ; ore manûque
    Consultor patriæ ; sed non consultor habendæ
    Relligionis ; amans tercentûm millia Divûm.
    Perfidus ille Deo, sed non et perfidus orbi.

        Prudent., Apotheosis, 450, etc.

    La conscience d’un sentiment généreux semble avoir élevé le poète chrétien au-dessus de sa médiocrité ordinaire.