Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/385

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le nombre de jours désignés, ne pas s’éloigner de l’enceinte du temple, et ne pas laisser passer un seul jour sans s’acquitter des prières et des sacrifices qu’ils sont obligés d’offrir pour la prospérité de l’état et des individus. La sainteté de leur ministère exige une pureté sans tache, soit de corps, soit d’esprit ; et même en quittant le temple pour reprendre les occupations de la vie ordinaire, ils doivent observer encore plus de décence et de vertu que le reste de leurs concitoyens. Le prêtre des dieux ne doit jamais paraître aux théâtres ou dans les tavernes ; sa conversation doit être chaste, son régime frugal, et ses amis de bonne réputation. S’il va quelquefois au Forum ou au palais, ce doit être seulement pour y défendre ceux qui ont imploré vainement la justice ou la clémence du prince ou des magistrats. Ses études doivent être analogues à la sainteté de sa profession. Les contes licencieux, les comédies ou les satires doivent être bannis de sa bibliothéque, qu’il est important de réduire à des ouvrages d’histoire ou de philosophie, à des histoires fondées sur la vérité, et à des écrits philosophiques qui aient du rapport avec la religion. Les systèmes impies d’Épicure et des sceptiques méritent son aversion et son mépris[1] ; mais il doit étudier avec soin ceux de Pythagore, de

  1. Julien, en sa qualité de pontife, put triompher (p. 301) de voir ces sectes impies éteintes, et leurs ouvrages même anéantis ; mais un philosophe ne devait pas désirer de cacher aux hommes, même ce qui, dans leurs opinions, contrariait le plus les siennes.