Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/459

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agréablement située dans un bocage de cyprès, à environ vingt milles d’Hiérapolis. Les habitans, qui semblaient attachés au culte d’Apollon et de Jupiter, leurs divinités tutélaires, avaient préparé un sacrifice pompeux et solennel ; mais leurs applaudissemens tumultueux blessèrent sa piété sévère ; il vit trop clairement que l’encens qu’on brûlait sur les autels était l’encens de la flatterie plutôt que celui de la dévotion. L’ancien et magnifique temple qui avait rendu la ville d’Hiérapolis[1] si long-temps célèbre, ne subsistait plus ; et ces riches propriétés qui nourrissaient plus de trois cents prêtres, avaient peut-être hâté sa chute. Cependant Julien eut la satisfaction d’embrasser un philosophe et un ami dont la religieuse fermeté avait su résister aux pressantes sollicitations de Constance et de Gallus, renouvelées toutes les fois qu’ils avaient logé chez lui dans leur passage à Hiérapolis. C’est dans le trouble des préparatifs militaires et dans les épanchemens sans réserve d’un commerce familier, qu’on peut voir combien fut vif et soutenu le zèle de Julien pour sa religion. Il avait entrepris une guerre importante et difficile : inquiet sur son issue, il était plus attentif que jamais à observer et à noter les moindres présages capables, d’après les règles de la divination, de

  1. Voyez le Traité curieux de Deâ Syriâ inséré parmi les ouvrages de Lucien (t. III, p. 451-490, édit. Reitz). La singulière dénomination de Ninus Vetus (Amm., XIV, 8) peut faire soupçonner qu’Hiérapolis avait été la résidence des rois d’Assyrie.