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més par la douleur et l’indignation ; et à l’occident les Segestins, les plus braves de l’armée, dont le front de bataille était couvert d’une ligne formidable d’éléphans[1]. Les Persans de tous côtés secondaient leurs efforts et animaient leur courage. Sapor lui-même, sans égards pour son rang, hasardait sa propre vie et pressait le siége avec l’impétuosité d’un jeune soldat. Après un combat opiniâtre, les Barbares furent repoussés. Ils revinrent à la charge, et furent repoussés encore avec un épouvantable carnage. Deux légions rebelles des Gaules, qui avaient été reléguées en Orient, signalèrent par une sortie leur courage indiscipliné, et pénétrèrent, à la faveur de la nuit, jusqu’au milieu du camp des Persans. Pendant la plus terrible de ces attaques répétées, Amida fut trahie par un déserteur qui indiqua aux Barbares un escalier secret, taillé dans le creux d’un rocher sur le bord du Tigre. Soixante-dix archers de la garde royale montèrent en silence au troisième étage d’une

  1. De ces quatre nations, les Albaniens sont trop bien connus pour exiger plus de détails ; les Ségestins habitaient un pays plat et vaste, qui porte encore leur nom, au sud du Khorasan, et à l’occident de l’Indostan. (Voyez Geographia nubiensis, p. 133 ; d’Herbelot, Bibliothéque orientale, p. 797). Nonobstant la victoire si vantée de Bahram (tom. I, p. 410), les Ségestins, plus de quatre-vingts ans après, paraissent encore être une nation libre et alliée de la Perse. Nous ignorons où habitaient les Vertæ et les Chionites ; mais j’inclinerais à croire que ces deux nations, ou au moins la dernière, occupaient les confins de l’Inde et de Scythie. Voy. Ammien, XVI, 9.