tabli le culte ; tandis que les chrétiens précipitaient son âme aux enfers et poursuivaient son corps jusque dans la tombe[1]. Un parti déplorait la ruine prochaine du paganisme, et l’autre célébrait la délivrance miraculeuse de l’Église. Les chrétiens applaudissaient en termes pompeux et ambigus à la vengeance céleste suspendue si long-temps sur la tête coupable de Julien. Ils affirmaient qu’au moment où le tyran expira au-delà du Tigre, sa mort fut révélée aux saints de l’Égypte, de la Syrie et de la Cappadoce[2] ; et au lieu de convenir qu’il avait perdu la vie par le dard d’un Persan, leur indiscrétion attribuait ce grand exploit à la main cachée de quelque champion mortel ou immortel de la foi[3]. La malveillance ou la crédulité de leurs adversaires adop-
- ↑ Comparez le sophiste et le saint (Libanius, Monod., t. II, p. 251, et orat. parent., c. 145, p. 367 ; c. 156, p. 377 ; et saint Grégoire de Nazianze, orat. 4, p. 125-132). L’orateur chrétien exhorte faiblement à la modestie et au pardon des injures ; mais il est bien convaincu que les souffrances de Julien excèdent de beaucoup les tourmens fabuleux d’Ixion et de Tantale.
- ↑ Tillemont (Hist. des emper., t. IV, p. 549) rapporte ces visions. On avait remarqué que quelque saint ou quelque ange s’était absenté cette nuit même pour une expédition secrète, etc.
- ↑ Sozomène (l. VI, 2) applaudit à la doctrine des Grecs sur le tyrannicide ; mais le président Cousin a prudemment supprimé le passage entier, qu’un jésuite n’aurait pas craint de traduire.