Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/55

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rieur triomphant. Il est plus que probable qu’une guerre qui avait présenté des obstacles et des dangers inattendus, dégoûta l’inconstance de ses alliés barbares, et que le vieux roi des Chionites, rassasié de vengeance, s’empressa de quitter le pays funeste où il avait perdu l’espoir de sa famille et de sa nation. Les forces et le courage de l’armée avec laquelle Sapor entra en campagne le printemps suivant, ne pouvaient plus remplir ses vues ambitieuses. Au lieu d’entreprendre la conquête de l’Orient, il fallut se contenter de réduire deux places fortes de la Mésopotamie, Singara et Bezabde[1], situées l’une dans le milieu d’un désert de sables, et l’autre sur une petite péninsule entourée presque de tous côtés par le fleuve rapide et profond du Tigre. Cinq des légions romaines réduites par Constantin à un nombre de soldats peu considérable, furent faites prisonnières, et envoyées en captivité sur les confins les plus reculés de la Perse. Après avoir démantelé Singara, le conquérant quitta cette ville éloignée et solitaire. Mais il répara soigneusement les fortifications de Cezabde, la pourvut abondamment de tous les moyens de défense, et mit dans cette place importante une garnison ou colonie de vétérans, dans l’honneur et la fidélité desquels il avait la plus grande confiance. Vers la fin de la campagne, il reçut un échec en essayant d’enlever Virtha ou Técrit, ville forte des Arabes indépendans, qui

  1. Ammien (XX, 6, 7) fait le récit de ces siéges.