l’empire avec toutes les forces réunies de leur nation[1]. Dans ces dispositions, ils consentirent volontiers à embrasser le parti de Procope et à fomenter, par leur dangereux secours, les discordes civiles des Romains. D’après les conventions publiques, on ne pouvait leur demander que dix mille auxiliaires ; mais le zèle ardent des chefs des Visigoths rassembla une armée de trente mille hommes, avec laquelle ils passèrent le Danube[2]. Ils marchaient dans cette orgueilleuse confiance que leur invincible valeur déciderait du sort de l’empire ; et les provinces de la Thrace gémirent sous le poids de cette multitude de Barbares qui commandaient en maîtres et ravageaient en ennemis. Mais l’intempérance avec laquelle ils se livraient à leurs brutales passions ralentit leurs progrès, et avant d’avoir appris d’une manière certaine la défaite et la mort de Procope, ils aperçurent, par l’aspect menaçant que prit tout à coup le pays qui les environnait, que la puissance civile et militaire avait été ressaisie par son heureux rival. Une chaîne de postes et de fortifications pla-
- ↑ Valens… docetur relationibus ducum, gentem Gothorum, eâ tempestate intactam ideoque sævissimam, conspirantem in unum, ad pervadendam parari collimitia Thraciarum. (Ammien, XXVI, 6.)
- ↑ M. du Buat (Hist. des Peuples de l’Europe, tom. VI, p. 332) a constaté avec soin le véritable nombre de ces auxiliaires. Les trois mille d’Ammien et les dix mille de Zosime ne formaient que les premières divisions de l’armée des Goths.