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la pourpre, le diadème et le titre d’Auguste. L’élection avait été solennellement ratifiée par le consentement et les acclamations des armées de la Gaule[1]. Dans tous les actes publics postérieurs à cette cérémonie, le nom de Gratien se trouvait après ceux de Valentinien et de Valens ; et par son mariage avec la petite-fille de Constantin, il réunissait tous les droits héréditaires de la maison Flavienne, consacrés par une suite de trois générations d’empereurs, par la religion et par la vénération des peuples. À la mort de son père, le jeune prince entrait dans sa dix-septième année, et ses vertus justifiaient déjà les espérances des peuples et des soldats. Mais tandis que Gratien, sans inquiétude, se tenait tranquillement dans le palais de Trèves ; son père, éloigné de lui de plusieurs centaines de milles, expirait subitement dans le camp de Brégétio. Les passions, si long-temps réprimées par la présence d’un maître, reparurent à sa mort avec violence dans le conseil impérial. Équitius et Mellobaudes, qui commandaient un détachement des bandes italiennes et illyriennes, exécutèrent avec adresse le dessein ambitieux de régner au nom d’un enfant. Ils surent, sous les plus honorables prétextes, écarter les chefs les plus populaires et les troupes de la Gaule, qui auraient pu faire valoir les

  1. Ammien (XXVII, 6) décrit l’élection militaire, l’investiture auguste. Il ne paraît pas que Valentinien ait consulté le sénat de Rome, ou l’ait même informé de cet événement.