Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/145

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rivières larges et rapides qui déchargent leurs eaux dans l’Euxin, dans la mer Caspienne et dans la mer Glaciale, sont gelées profondément. Les terres sont couvertes de neige, et les tribus victorieuses ou fugitives peuvent traverser sans danger, avec leurs chariots, leurs familles et leurs troupeaux, la surface ferme et unie de cette vaste plaine.

Exercices.

III. La vie pastorale, comparée aux travaux de l’agriculture et des manufactures, est sans contredit une vie oisive, surtout pour les principaux pasteurs de la race tartare, qui, chargeant leurs esclaves du détail de leurs troupeaux, voient rarement leur loisir troublé par des soins domestiques et des travaux assidus. Mais ce n’est point aux jouissances paisibles de l’amour et de la société qu’ils consacrent ces loisirs, c’est à l’exercice violent et sanguinaire de la chasse. Les plaines de la Tartarie nourrissent une nombreuse race de chevaux forts, dociles, faciles à dresser pour la chasse et pour la guerre. Les Scythes ont été connus dans tous les temps pour de hardis et habiles cavaliers. L’habitude leur donne tant d’aisance et de fermeté sur leurs chevaux, qu’on a prétendu que c’était sans en descendre qu’ils se livraient aux fonctions les plus ordinaires de la vie, comme de manger, de boire et même de dormir. Ils se servent, avec

    voyageurs, a motivé les révolutions de l’Asie sur cette circonstance importante, que le froid et le chaud, la force et la faiblesse, se trouvent contigus, sans qu’il y ait une zone tempérée qui les sépare. (Esprit des Lois, l. XVII, c. 3.)