Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/146

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beaucoup d’adresse et de vigueur, de la lance et d’un arc fort long, dont la flèche pesante, dirigée par un coup d’œil toujours sûr, frappe avec une force irrésistible. Ils en font souvent usage contre les timides animaux du désert, qui multiplient dans l’absence de leurs ennemis les plus redoutables ; contre le lièvre, la chèvre, le chevreuil, le daim, le cerf, l’élan et l’antilope. Les fatigues de la chasse exercent continuellement la patience des hommes et des chevaux, et l’abondance du gibier contribue à la subsistance et même au luxe des camps tartares. Mais les chasseurs de la Scythie ne bornent pas leurs exploits à la destruction de ces animaux timides ou peu dangereux. Ils marchent hardiment à la rencontre du sanglier, lorsque animé par la vengeance, il revient sur ceux qui le poursuivent. Ils excitent le courage pesant de l’ours et la fureur du tigre endormi dans les bois. On peut acquérir de la gloire partout où il y a du danger ; et l’habitude de la chasse, qui donne les occasions de faire preuve d’adresse et de courage, doit être considérée comme l’image et l’école de la guerre. Les chasses générales, l’orgueil et le plus grand plaisir des princes tartares, servent d’exercice instructif à leur nombreuse cavalerie. Ils environnent une enceinte de plusieurs lieues de circonférence, dans laquelle se trouve renfermé tout le gibier d’une grande étendue de pays, et les troupes qui forment le cordon avancent lentement et régulièrement vers un centre marqué, où les animaux, captifs et entourés de tous côtés, tombent sous les flèches et les