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commandement d’un chef suprême. La faiblesse désirait du secours, et la force était ambitieuse de commander. La puissance, qui est le résultat de l’union, opprima les tribus voisines et leur imposa la loi ; et comme on admettait les vaincus à partager les avantages de la victoire, les plus vaillans chefs se rangèrent volontairement, avec toute leur suite, sous l’étendard formidable de la confédération générale, et le plus heureux des princes tartares obtint, ou par la supériorité de son mérite, ou par celle de sa puissance, le commandement militaire sur tous les autres. Il fut élevé sur le trône aux acclamations de ses égaux, et reçut le nom de Khan, qui exprime, dans le langage du nord de l’Asie, la toute-puissance de la royauté. Les descendans du fondateur de la monarchie conservèrent long-temps un droit exclusif à la succession, et maintenant les khans qui règnent depuis la Crimée jusqu’au mur de la Chine, descendent tous en droite ligne du fameux Gengis[1]. Mais comme le premier devoir d’un souverain tartare est de conduire en personne ses sujets aux combats, on a souvent peu d’égards aux droits d’un enfant, et quelque prince du sang royal, distingué par sa valeur

  1. Voyez le second volume de l’Histoire généalogique des Tartares, et les listes des khans, à la fin de la Vie de Gengis-khan. Sous le règne de Timur ou Tamerlan, un de ses sujets, descendant de Gengis, portait encore le titre de khan, et le conquérant de l’Asie se contentait du nom d’émir ou sultan. (Abulghazi, part. V, 4 ; d’Herbelot, Bibliot. orient., p. 878.)