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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/150

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et par son expérience, reçoit le sceptre et l’épée de son prédécesseur. On lève régulièrement sur les tribus deux taxes différentes : l’une pour soutenir la dignité du monarque national, et l’autre pour le chef particulier de la tribu ; et chacune de ces taxes monte à la dîme de la propriété de chaque sujet et des dépouilles qui lui tombent en partage. Un souverain tartare jouit de la dixième partie des richesses de ses sujets ; et comme les nombreux troupeaux qui font sa richesse particulière se multiplient ainsi dans une proportion bien plus considérable que les autres, il est en état de suffire abondamment au luxe peu recherché de sa cour, de récompenser ses favoris, et de maintenir, par la douce séduction des présens, une obéissance qu’il n’obtiendrait peut-être pas toujours de sa seule autorité. Les mœurs des Tartares, accoutumés, comme leur khan, au meurtre et au brigandage, peuvent excuser à leurs yeux quelques actes particuliers de sa tyrannie qui exciteraient l’horreur d’un peuple civilisé ; mais le pouvoir arbitraire d’un despote n’a jamais été reconnu dans les déserts de la Scythie. La juridiction immédiate du khan est restreinte à sa propre tribu, et on a modéré l’exercice de ses prérogatives par l’ancienne institution d’un conseil national. La coroultai ou diète des Tartares, se tenait régulièrement, dans le printemps et dans l’automne, au milieu d’une vaste plaine[1],

  1. Voyez les diètes des anciens Huns (de Guignes, t. II, p. 26), et une description curieuse de celles de Gengis-khan