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de se procurer la jouissance d’objets plus agréables. Les Chinois étaient obligés de livrer tous les ans aux grossières caresses des Huns un nombre fixe de leurs plus belles filles[1], et ils s’assuraient l’alliance des orgueilleux Tanjoux en leur donnant en mariage les filles véritables ou adoptives de la famille impériale, qui tâchaient en vain d’échapper à cet opprobre sacrilège. L’infortune de ces victimes désolées a été peinte par une princesse de la Chine, qui déplore son malheur d’avoir été condamnée par ses parens à un exil perpétuel, et à passer sous les lois d’un époux barbare, d’être réduite, pour boisson, à du lait aigre, à de la viande crue pour nourriture, et de n’avoir qu’une tente pour palais. Elle exprime, avec une simplicité touchante, son désir d’être transformée en oiseau, pour s’envoler vers sa chère patrie, l’objet de ses tendres et perpétuels regrets[2].

Déclin et chute des Huns.

Les tribus pastorales du Nord avaient fait deux fois la conquête de la Chine. Les forces des Huns n’étaient point inférieures à celles des Mongouls ou des Mantcheoux, et leur ambition pouvait se flatter des mêmes succès ; mais les armes et la politique de Vouti[3], cinquième empereur de la puissante dy-

  1. Le tribut accoutumé d’un certain nombre de femmes se trouve mentionné comme un des articles du traité. (Hist. de la Chine par les Tartares mantcheoux, t. I, p. 186, 187, avec les notes de l’éditeur.)
  2. De Guignes, Hist. des Huns (t. II, p. 62).
  3. Voyez le règne de l’empereur Vouti, dans le Kang-