Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/199

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d’une honorable amitié et d’un amour odieux, et il ne pouvait se soustraire à cette liaison contre nature, qu’après avoir prouvé sa virilité en abattant, sans aucun secours, un ours énorme ou un sanglier de la forêt[1] : mais les Goths tirèrent leurs plus formidables auxiliaires du camp des ennemis qui les avaient chassés de leur patrie. L’indiscipline, et des possessions trop étendues, retardaient les conquêtes des Huns et des Alains, et jetaient la confusion dans leurs conseils. Plusieurs de leurs hordes se laissèrent séduire par les promesses de Fritigern, et la légère cavalerie des Scythes vint soutenir les énergiques et puissans efforts de la ferme et vigoureuse infanterie des Goths. Les Sarmates, qui ne pouvaient pardonner au successeur de Valentinien, jouirent de la confusion générale et l’augmentèrent ; et une irruption des Allemands faite à propos dans la Gaule, nécessita l’attention de l’empereur de l’Occident[2] et divisa ses forces.

  1. Hanc Taifalorum gentem turpem, et obscenæ vitæ flagitiis ita accipimus mersam ; ut apud eos nefandi concubitûs fœdere copulentur mares puberes, ætatis viriditatem in eorum pollutis usibus consumpturi. Porro, si qui jam adultus aprum exceperit solus, vel interemit ursum immanem, colluvione liberatur incesti. (Ammien, XXXI, 9.) Parmi les Grecs, principalement chez les Crétois, les liens de l’amitié étaient resserrés et souillés par cet amour contre nature.
  2. Ammien, XXXI, 8, 9. Saint Jérôme (t. I, p. 26) fait le dénombrement des nations, et rapporte une suite de calamités qui durèrent vingt ans. Cette épître à Héliodore fut composée en 397. (Tillemont, Mém. ecclés., t. XII, p. 645.)