Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nes ; les chefs et les soldats avaient tous la valeur de leurs ancêtres, ils les égalaient en discipline et dans la science militaire. L’amour de la gloire animait leur noble intrépidité ; ils combattirent à la fois contre les rayons d’un soleil brûlant, contre les angoisses d’une soif dévorante et contre le fer et la flamme des ennemis ; enfin ils préférèrent une mort honorable à une fuite ignominieuse. L’indignation des dieux a seule causé nos malheurs et le succès des Barbares. » L’impartialité de l’histoire dément une partie de ce panégyrique[1], où l’on ne reconnaît ni le caractère de Valens, ni les circonstances de la bataille ; mais on ne peut trop louer l’éloquence, et surtout la générosité de l’orateur d’Antioche.

Les Goths assiégent Adrianople.

Cette victoire mémorable enfla l’orgueil des Goths ; mais leur avarice souffrit cruellement, quand ils apprirent qu’on avait sauvé dans Adrianople la plus riche partie du trésor impérial. Ils se hâtèrent d’arriver à cette dernière récompense de leurs travaux ; mais ils furent arrêtés par les restes de l’armée vaincue, dont le courage était animé par le désespoir et par la nécessité de conserver la ville, son dernier refuge. On avait garni les murs d’Adrianople et les remparts du camp qui y était appuyé, de machines de guerre qui lançaient des pierres d’un poids énorme, et effrayaient les Barbares ignorans, plutôt par le bruit et la rapidité de leur décharge

  1. Libanius, De ulcisc. Julian. nece, c. 3 ; Fabricius, Bibl. græc., t. VII, p. 146-148.