Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/217

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que le ciel et la terre ; qu’après la destruction des villes et de la race humaine, le sol se couvrit de ronces impénétrables et d’épaisses forêts, et que la rareté des animaux, des oiseaux, et même des poissons, accomplissait la désolation universelle, annoncée par le prophète Zéphanie. » Jérôme prononça ces complaintes environ vingt ans après la mort de Valens ; et les provinces de l’Illyrie, où les Barbares passaient et repassaient sans cesse, fournirent encore, pendant et après dix siècles de calamités, des alimens au pillage et à la dévastation. Quand on pourrait supposer qu’un pays très-vaste serait resté sans culture et sans habitans, les conséquences n’auraient pas été si funestes aux autres productions animées de la nature, les races utiles et faibles des animaux nourris par la main de l’homme auraient pu périr privées de sa protection ; mais les bêtes sauvages des forêts, ennemies ou victimes de l’homme, auraient multiplié en paix dans leur domaine solitaire. Les habitans de l’air ou des eaux ont encore moins de relation avec le sort de l’espèce humaine, et il est très-probable que l’approche d’un brochet vorace aurait causé plus de dommage et de terreur aux poissons du Danube que les incursions d’une armée de Barbares.

Massacre des jeunes Goths dans l’Asie.

Quelle qu’ait été la véritable mesure des calamités

    ortus sum solum (Pannonia) ; ubi præter cælum et terram, et crescentes vepres, et condensa sylvarum cuncta perierunt. (t. VII, p. 250, ad 1 c. Sophonias ; et t. I, p. 26.)