de l’Europe, on pouvait craindre avec raison qu’elles s’étendissent bientôt aux paisibles contrées de l’Asie. On avait judicieusement distribué les fils des Goths dans toutes les villes de l’Orient, et employé avec soin la culture de l’éducation à vaincre la férocité de leur caractère. Dans l’espace de douze ans, leur nombre s’était considérablement augmenté, et les enfans de la première émigration, placés au-delà de l’Hellespont, possédaient déjà la force et le courage de la virilité[1]. Il était impossible de leur cacher les événemens de la guerre des Goths, et ces jeunes audacieux, peu faits encore au langage de la dissimulation, laissaient apercevoir leur désir et peut-être leur dessein de partager la gloire de leurs pères. L’inquiétude et les soupçons des habitans de la province étaient justifiés par le danger de leur situation ; et ces soupçons furent admis comme une preuve évidente que les Goths d’Asie avaient formé secrètement une conspiration contre la sûreté publique. La mort de Valens laissait l’Orient sans souverain ; et Julius, maître général des troupes, officier qui jouissait d’une grande réputation de talent et d’activité, crut devoir consulter le sénat de Constantinople, qu’il regardait comme le représentant de la nation pendant la vacance du trône. Dès qu’il eut obtenu la