Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/219

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liberté de prendre, selon sa prudence, les mesures qu’il croirait les plus avantageuses au bien public, il assembla les principaux officiers, et concerta avec eux les moyens les plus propres à faire réussir son sanglant projet. On publia immédiatement un édit qui ordonnait à tous les jeunes Goths de s’assembler, à un jour fixé, dans les différentes capitales des provinces qu’ils habitaient ; et par un avis débité adroitement, on leur persuada que l’intention était de leur faire une distribution de terres et d’argent. Cette insidieuse espérance calma la violence de leur ressentiment et suspendit peut-être les progrès de la conspiration. Au jour marqué, et dans toutes les villes désignées, toute cette jeunesse désarmée fut rassemblée soigneusement dans la place ou le Forum ; les troupes romaines occupaient les rues et les avenues, et les toits des maisons étaient couverts d’archers et de frondeur. À la même heure on donna dans toutes les villes de l’Orient le signal du massacre général ; et la prudence barbare de Julius délivra les provinces de l’Asie d’un ennemi domestique, qui, quelques mois plus tard, aurait peut-être porté le fer et le feu des rives de l’Hellespont aux bords de l’Euphrate[1]. Le danger pressant de la sûreté publique peut sans doute autoriser à violer les lois éta-

  1. Ammien approuve évidemment cette exécution, efficacia velox et salutaris, dont le récit termine son ouvrage (XXXI, 16). La narration de Zosime (l. IV, p. 223-236) est étendue et détaillée ; mais il se trompe sur la date, et se fatigue à chercher la raison qui a empêché Julius de consulter