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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/249

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et leurs injustices. Des saints et des évêques[1] dirigeaient la conscience du crédule Gratien, et ils en obtinrent un édit qui condamnait à une peine capitale la violation, la négligence et même l’ignorance de la doctrine divine[2]. Parmi les exercices dont le monarque s’était occupé pendant sa jeunesse, ceux du cheval, de l’arc et du javelot avaient particulièrement attiré son attention ; mais il appliqua ces talens, utiles à un soldat, aux moins nobles plaisirs de la chasse. De vastes parcs furent enclos de murs et abondamment peuplés de toutes sortes d’animaux sauvages. Gratien, négligeant les devoirs et la dignité de son rang, passait des journées entières à déployer sa vigueur et ses talens pour ce jeu frivole. L’orgueil que mettait l’empereur à exceller dans un art où le plus vil de ses esclaves aurait pu l’emporter sur lui, rappelait aux spectateurs le souvenir de Néron et de Commode ; mais le chaste et doux Gratien était

    de Gratien, la faible cour de Milan rappela et promulgua de nouveau cette loi commode.

  1. Saint Ambroise composa pour son instruction un Traité théologique sur la foi relative à la Sainte-Trinité ; et Tillemont (Hist. des empereurs, t. V, p. 158-169) donne à l’archevêque tout le mérite des lois intolérantes de Gratien.
  2. Qui divinæ legis sanctitatem, nesciendo omittunt, aut negligendo violant, et offendunt, sacrilegium committunt. (Cod. Justin., l. IX, tit. 29, leg. I.) Théodose peut, à la vérité, réclamer en partie le mérite de cette loi si claire.