Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/272

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d’un corps de troupes nombreux[1], conduisit cette révolution ecclésiastique avec tant de sagesse et de modération, que la religion de l’empereur, sans tumulte et sans effusion de sang, se trouva établie dans toutes les provinces de l’Orient. Si on eût laissé subsister les écrits des ariens[2], nous y trouverions sans doute la relation lamentable de la persécution de l’Église sous le règne de l’impie Théodose, et les souffrances de leurs saints confesseurs exciteraient peut-être la compassion de quelque lecteur impartial. Il y a cependant lieu de présumer que le défaut de résistance offrit peu d’exercice au zèle et à la vengeance, et que dans leur adversité les ariens déployèrent beaucoup moins de fermeté que le parti orthodoxe n’en avait montré sous les règnes de Constance et de Valens. C’est dans les mêmes passions sans doute, c’est de même dans les effets de l’esprit religieux qu’il faut chercher le principe de la conduite et du caractère moral des sectaires des deux partis ; mais on peut découvrir, dans leurs opinions théologiques, une différence importante qui pouvait apporter quelque inégalité dans les degrés de leur foi.

  1. Théodoret est le seul des trois historiens ecclésiastiques qui cite (l. V, c. 2) cette importante commission de Sapor, que Tillemont (Hist. des emper., t. V, p. 728) déplace judicieusement du règne de Gratien pour le replacer sous celui de Théodose.
  2. Je ne compte point Philostorgius, quoiqu’il cite l’expulsion de Damophile. Les ouvrages de cet historien eunomien ont été avec soin épurés par des éditeurs orthodoxes.