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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/277

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fanatisme et de la superstition. Il était à la fois l’évêque le plus pieux et le plus éloquent de son siècle, le fléau de l’arianisme et le pilier de la foi orthodoxe. L’Église le révère comme un saint, et comme un de ses docteurs. Il tint une place distinguée dans le concile de Constantinople, où il fit les fonctions de président après la mort de Mélèce ; en un mot, c’est saint Grégoire de Nazianze. Le traitement injurieux qu’il éprouva lui-même[1], loin de nuire à l’authenticité de son témoignage, atteste l’esprit qui dirigeait les délibérations du concile. Tous les suffrages réunis avaient confirmé les droits que l’évêque de Constantinople tirait du choix du peuple et de l’approbation de l’empereur ; mais saint Grégoire devint bientôt la victime de l’envie et de la malveillance. Les évêques de l’Orient, ses adhérens les plus zélés, furent irrités de sa modération relativement aux affaires d’Antioche, et l’abandonnèrent à la faction des Égyptiens, qui disputaient la validité de son élection ; ils se fondaient sur une loi canonique tombée en désuétude, qui défendait à un prélat de passer d’un siége épiscopal dans un autre. Soit orgueil, soit humilité, saint Grégoire ne voulut

  1. Voyez saint Grégoire, t. II, De vitâ suâ, p. 28-31. Les quatorzième, vingt-septième et trente-deuxième discours, furent prononcés à différentes époques de ces divisions. La péroraison de la dernière (t. I, p. 528), dans laquelle il prend congé des hommes et des anges, de la ville et de l’empereur, de l’Orient et de l’Occident, etc., est pathétique et presque sublime.