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la conscience des empereurs, et surveiller l’administration de l’empire. Gratien l’aimait et le révérait comme son père, et ce fut pour l’instruction de ce jeune prince que saint Ambroise composa avec tant de soin son Traité sur la foi de la Trinité. Après sa mort tragique, et au moment où l’impératrice Justine tremblait pour sa propre sûreté et pour celle de son fils Valentinien, elle chargea l’archevêque de Milan de deux ambassades successives à la cour de Trèves. Il déploya une intelligence et une fermeté égales dans ses fonctions politiques et ecclésiastiques, et contribua peut-être, par son éloquence et par son autorité, à suspendre les desseins ambitieux de Maxime, et à conserver la paix de l’Italie[1]. Saint Ambroise avait dévoué sa vie et ses talens au service de l’Église. Plein de mépris pour les richesses, il avait abandonné son patrimoine particulier, et il vendit sans hésiter l’argenterie sacrée pour le rachat des captifs. Le peuple et le clergé de Milan chérissaient leur archevêque, qui jouissait de l’estime de ses faibles souverains sans solliciter leur faveur et sans redouter leur disgrâce.

Succès de la résistance contre l’impératrice Justine. A. D. 385, 3 avril, 10 avril.

Le gouvernement de l’Italie et la tutelle du jeune prince échurent naturellement à la princesse Justine, sa mère, également distinguée par son courage et par sa beauté, mais qui, au milieu d’un peuple orthodoxe, suivait malheureusement la doctrine hérétique

  1. Saint Ambroise lui-même (t. II, epist. 24, p. 888-891) fait à l’empereur un récit très-animé de son ambassade.