Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/304

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ment et le désespoir du peuple et des soldats, hâtèrent la chute du misérable Maxime. Arraché violemment de son trône, et dépouillé des ornemens impériaux, de la robe, du diadème et des sandales de pourpre, il fut traîné dans le camp de Théodose, environ à trois milles d’Aquilée. Loin d’insulter à son infortune, l’empereur parut touché de compassion, et disposé à quelque indulgence, pour un homme qui n’avait jamais été son ennemi personnel, et qui ne lui inspirait que du mépris. Les malheurs auxquels nous sommes exposés excitent plus aisément notre sensibilité, et ce n’était pas sans de profondes et sérieuses réflexions que le vainqueur pouvait voir son orgueilleux compétiteur maintenant prosterné devant lui. Mais la mort de Gratien, et le respect pour la justice, bannirent bientôt la faible impression d’une pitié involontaire. Théodose abandonna Maxime au pieux ressentiment des soldats, qui l’emmenèrent de sa présence et lui tranchèrent la tête. La nouvelle de sa victoire fut reçue partout avec une joie sincère ou habilement feinte. Victor, fils de l’usurpateur, que son père avait décoré du titre d’Auguste, périt par l’ordre, et peut-être par la main de l’audacieux Arbogaste ; et toutes les dispositions militaires de Théodose furent couronnées du succès. Dès qu’il eut ainsi terminé une guerre civile moins sanglante et moins difficile qu’il n’avait dû s’y attendre, l’empereur de l’Orient s’occupa, durant plusieurs mois de résidence à Milan, de rétablir l’ordre dans les provinces ; et au commencement du