Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Influence et conduite de saint Ambroise. A. D. 328.

L’attachement respectueux de l’empereur pour le clergé orthodoxe le disposait à aimer et à admirer le caractère de saint Ambroise, qui réunissait au plus haut degré toutes les vertus épiscopales. Les ministres et les amis de Théodose imitaient l’exemple de leur souverain, et il apercevait avec plus de surprise que de mécontentement, que l’archevêque était immédiatement instruit de tout ce qui se passait dans son conseil. Le prélat jugeait que toutes les opérations du gouvernement civil pouvaient intéresser la gloire de Dieu ou la vraie religion. Les moines et la populace de Callinicum, petite ville sur les frontières de la Perse, animés par leur fanatisme et par celui de leur évêque, avaient incendié, à la suite d’une émeute, un conventicule de Valentiniens et une synagogue de Juifs. Le magistrat condamna le séditieux prélat à rétablir la synagogue ou à payer le dommage, et l’empereur confirma cette sentence modérée ; mais l’archevêque de Milan n’y donna pas son approbation[1]. Il dicta une lettre de censure et pleine de reproches amers, tels que l’empereur aurait pu les mériter s’il eût reçu la circonci-

    nogr., p. 63) ; Cedrenus (p. 317) ; et Zonare (t. II, l. XIII, p. 34) ; témoignages dont le poids n’est pas égal. Le seul Zosime, l’ennemi juré de Théodose, passe sous silence la plus condamnable de toutes ses actions.

  1. Voyez toute l’affaire dans saint Ambroise (t. II, épit. 40, 41, p. 946-956) et son biographe Paulin (c. 23). Bayle et Barbeyrac (Morale des Pères, c. 17, p. 325, etc.) ont justement condamné l’archevêque.