Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/352

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et d’influence dans la bouche d’un conquérant, et Théodose traîna les dieux de l’antiquité en triomphe après son char[1]. Dans une assemblée complète du sénat, l’empereur proposa, selon les anciennes formes de la république, cette importante question : de la religion du Christ ou de celle de Jupiter, laquelle devait être désormais la religion des Romains ? La crainte et l’espoir inspirés par la présence du monarque, détruisirent la liberté des suffrages qu’il affectait d’accorder ; et l’exil récent de Symmaque avertissait ses confrères qu’il serait dangereux de contrarier la volonté du souverain. Jupiter fut condamné par une majorité considérable, et il est étonnant que quelques-uns des membres du sénat aient eu l’audace de déclarer dans leurs discours ou dans leurs suffrages l’attachement qu’ils conservaient pour une divinité proscrite par l’empereur[2]. On ne

  1. Voyez Prudence, in Symmach., l. I, 545, etc. Le chrétien, d’accord avec le païen Zosime (l. IV, p. 283), place la visite de Théodose après la seconde guerre civile. Gemini bis victor cæde tyranni, l. I, 410. Mais le temps et les circonstances semblent mieux convenir à son premier triomphe.
  2. Prudence, après avoir prouvé que les sentimens du sénat se sont manifestés par une majorité légale, ajoute (p. 609, etc.) :

    Adspice quàm pleno subsellia nostra senatû
    Decernant infame Jovis pulvinar, et omne
    Idolium longè purgatâ ab urbe fugandum.
    Quâ vocat egregii sententia principis, illuc
    Libera ; cum pedibus, tum corde, frequentia transit.

    Zosime attribue aux pères conscrits une vigueur païenne