Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tendait à satisfaire les plus impétueuses passions du cœur humain, continuellement proscrit, il ne cessait point d’être pratiqué[1]. Une cause imaginaire peut produire des effets sérieux et funestes. D’obscures prédictions sur la mort d’un empereur ou le succès d’une conspiration ne pouvaient avoir d’autre objet et d’autre effet que d’animer l’espoir de l’ambition et de rompre les liens de la fidélité ; et le crime d’intention que poursuivaient les lois contre la magie se trouvait aggravé par les crimes réels de sacrilège et de lèse-majesté[2]. Ces vaines terreurs troublaient la paix de la société et le bonheur des citoyens. La flamme qui fondait naturellement une figure de cire pouvait devenir très-dangereuse en effrayant l’imagination de celui que, pour servir les projets de la haine, cette figure était destinée à re-

  1. Genus hominum potentibus infidum, sperantibus fallax, quod in civitate nostrâ et vetabitur semper et retinebitur. (Tacit., Hist., I, 22.) Voyez saint Augustin, De civit. Dei, l. VIII, c. 19 ; et le Cod. de Théod., l. IX, tit. XVI, avec les Commentaires de Godefroy.
  2. Une consultation criminelle causa la persécution d’Antioche. On rangea les vingt-quatre lettres de l’alphabet autour d’un trépied magique, et un grand anneau placé dans le centre désigna, en balançant, les quatre lettres Θ. Ε. Ο. Δ. Théodore fut exécuté (ainsi que beaucoup d’autres à qui pouvaient appartenir les syllabes fatales). Théodose réussit. Lardner (Témoig. des païens, v. IV, p. 353-372) a examiné très-minutieusement ce fait obscur du règne de Valens.