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présenter[1]. De l’infusion des herbes auxquelles on supposait une influence surnaturelle, on pouvait aisément passer à l’usage d’un poison plus réel, et l’imbécillité des hommes servit quelquefois de masque et d’instrument aux crimes les plus atroces. Dès que les ministres de Valens et Valentinien eurent encouragé le zèle des délateurs, ils se trouvèrent forcés de recevoir l’accusation d’un crime trop souvent mêlé aux événemens de la vie domestique, d’un crime d’une nature moins cruelle et moins odieuse, mais auquel cependant la pieuse et excessive rigueur de Constantin avait infligé la peine de mort[2]. Ces dangereuses et incohérentes complications du crime de lèse-majesté avec celui de magie, de l’empoisonnement et de l’adultère, présentaient des gradations infinies de culpabilité ou d’innocence, et une foule de circonstances atténuantes et aggravantes que la violence et la corruption des juges semblent avoir confondues. Ils découvrirent aisément que la cour

  1. Limus ut hic durescit, et hæc ut cera liquescit
    Uno eodemque igni.

        Virg., Bucolic. VIII, 80.

    Devovit absentes, simulacraque cerea figit.

        Ovid., Epist. Hypsib ad Jason, 91.

    Ces enchantemens ridicules peuvent avoir affecté l’imagination et augmenté la maladie de Germanicus. (Tacite, Ann., II, 69.)

  2. Voyez Heineccius, Antiq. jur. rom., t. II, p. 353 ; et Cod. de Théodos., l. IX, tit. 7, et les Commentaires de Godefroy.