Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/390

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contemplé avec autant de surprise que d’indignation, le spectacle profane qui avait succédé au culte pur et spirituel d’une congrégation chrétienne. Dès que les portes de l’église se seraient ouvertes, leur odorat aurait été offensé par le parfum de l’encens et des fleurs, et ils auraient sans doute regardé comme sacrilége la clarté inutile et ridicule que répandaient en plein midi les lampes et les cierges. Ils n’auraient pu arriver à la balustrade de l’autel qu’à travers une foule prosternée, et composée, pour la plus grande partie, d’étrangers et de pèlerins accourus à la ville la veille des fêtes, et déjà dans l’ivresse du fanatisme et peut-être de l’intempérance, imprimant dévotement des baisers sur les murs et sur le pavé de l’église, et adressant leurs ferventes prières, quelles que fussent les paroles que prononçait alors l’Église, aux os, au sang ou aux cendres du saint qu’un linge ou un voile de soie dérobait ordinairement aux regards du vulgaire. Les chrétiens visitaient les tombes des martyrs dans l’espérance d’obtenir, par leur puissante intercession, toutes sortes de faveurs spirituelles, mais principalement des avantages temporels. Ils priaient pour la conservation ou pour le rétablissement de leur santé, pour la fécondité de leurs femmes, pour la vie et le bonheur de leurs enfans. Lorsque les dévots entreprenaient un voyage

    tant de candeur que d’érudition, l’introduction de l’idolâtrie chrétienne dans les quatrième et cinquième siècles.