Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/406

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pereur fut annoncée au peuple de Constantinople, qui se préparait à célébrer, par des acclamations mensongères, les noces de la fille du préfet. Une suite brillante d’eunuques et d’officiers sortit des portes du palais avec toute la pompe de l’hyménée, portant à découvert le diadème, les robes et les ornemens précieux destinés à l’impératrice. Les rues où devait passer ce cortège solennel étaient ornées de guirlandes et remplies de spectateurs ; mais quand il fut vis-à-vis de la maison des fils de Promotus, le premier eunuque y entra respectueusement, revêtit la belle Eudoxie de la robe nuptiale, et la conduisit en triomphe au palais et dans le lit d’Arcadius[1]. Une conspiration tramée contre Rufin avec tant de secret, et exécutée avec un si grand succès, imprima un ridicule indélébile sur le caractère d’un ministre qui s’était laissé tromper dans un poste où la ruse et la dissimulation constituent le mérite essentiel. Il vit avec un mélange de crainte et d’indignation la victoire de l’eunuque audacieux qui l’avait supplanté dans la faveur de son maître ; et sa tendresse, ou du moins son orgueil fut blessé de l’affront fait à sa fille, dont l’intérêt était inséparablement lié avec le

  1. Cette histoire (Zosime, l. V, p. 290) prouve que les cérémonies nuptiales de l’antiquité se pratiquaient encore sans idolâtrie chez les chrétiens d’Orient. On conduisait de force l’épousée de la maison de ses parens à celle de son mari. Nos usages exigent avec moins de délicatesse le consentement public de la jeune fille.