Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/457

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les pays de l’Occident pour que les troupes les plus éloignées accourussent à grandes journées défendre Honorius et l’Italie. Les forts du Rhin furent abandonnés, et la Gaule n’eut pour garant de sa sûreté que la bonne foi des Germains et la terreur du nom romain : on rappela même la légion stationnée dans la Grande-Bretagne pour défendre le mur qui la séparait des Calédoniens du nord[1] ; et un corps nombreux de la cavalerie des Alains consentit à s’engager au service de l’empereur, qui attendait avec anxiété le retour de son général. La prudence et l’énergie de Stilichon brillèrent dans cette occasion qui fit paraître en même temps la faiblesse de l’empire alors sur le penchant de sa ruine. Les légions romaines, dégénérées peu à peu de la discipline et de la valeur de leurs ancêtres, avaient été exterminées dans les guerres civiles et dans celles des Goths ; et il parut impossible de rassembler une armée pour la défense de l’Italie sans épuiser et exposer les provinces.

Honorius est poursuivi et assiégé par les Goths.

En abandonnant son souverain sans défense dans son palais de Milan, Stilichon avait sans doute calculé le terme de son absence, la distance où se trou-

  1. Venit et extremis legio prætenta Britannis,
    Quæ Scoto dat frena truci.

        De bell. get. 416.

    Cependant la marche la plus rapide d’Édimbourg ou de Newcastle à Milan, aurait demandé plus de temps que Claudien ne semble en accorder pour toute la durée de la guerre des Goths.