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ner aux Sarmates fugitifs leurs bois et leurs marais, ou du moins rejeter le superflu de leur population sur les provinces de l’Empire romain[1]. Environ quatre ans après que le victorieux Toulun eut pris le titre de kan des Geougen, un autre Barbare, le fier Rhodogaste ou Radagaise[2], marcha de l’extrémité septentrionale de la Germanie, presque jusqu’aux portes de Rome, et laissa en mourant les restes de son armée pour achever la destruction de l’empire d’Occident. Les Suèves, les Vandales et les Bourguignons composaient la principale force de cette armée redoutable ; mais les Alains, qui s’étaient vus reçus avec hospitalité dans la contrée où ils étaient descendus, joignirent leur active cavalerie à la pesante infanterie des Germains ; et les aventuriers Goths accoururent en si grand nombre sous les drapeaux de Radagaise, que quelques historiens lui ont donné le titre de roi des Goths. Un corps de douze mille guerriers, distingués par leur naissance et par leurs exploits, composaient la première avant-garde

  1. Zosime (l. V, p. 331) se sert de la qualification générale de nations au-delà du Danube et du Rhin. Leurs situations géographiques, et par conséquent leurs noms, sont faciles à deviner, même par les diverses épithètes que leur donne dans l’occasion chaque auteur ancien.
  2. Le nom de Rhadagaste était celui d’une divinité locale des Obotrites (dans le Mecklenbourg). Un héros pouvait prendre le nom de sa divinité tutélaire ; mais il n’est pas probable que les Barbares adorassent un héros malheureux. Voyez Mascou, Hist. des Germains, VIII, 14.