Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/479

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de la mer Baltique, vint éclater avec violence sur les bords du Haut-Danube. Le monarque de l’Occident, si ses ministres jugèrent à propos d’interrompre ses amusemens par la nouvelle du danger qui le menaçait, se contenta d’être l’objet et le spectateur de la guerre[1]. La sûreté de Rome fut confiée à la valeur et à la sagesse de Stilichon ; mais tels étaient la faiblesse et l’épuisement de l’empire, qu’il fut impossible de réparer les fortifications du Danube ou de prévenir, par un effort vigoureux, l’invasion des Germains[2]. Toutes les espérances du vigilant ministre d’Honorius se bornèrent à la défense de l’Italie. Il abandonna une seconde fois les provinces, rappela les troupes, pressa les nouvelles levées exigées à la rigueur et éludées avec pusillanimité, employa les moyens les plus efficaces pour arrêter ou ramener les déserteurs, et offrit la liberté et deux pièces d’or à chaque esclave qui consentait à s’enrô-

  1. … Cujus agendi
    Spectator vel causa fui.

    Claudien, VI cons. Honor. 439. Tel est le modeste langage d’Honorius en parlant de la guerre des Goths, qu’il avait vue d’un peu plus près.

  2. Zosime (l. V, p. 331) transporte la guerre et la victoire de Stilichon au-delà du Danube ; étrange erreur qu’on répare d’une manière bien bizarre et bien imparfaite en lisant Αρνον pour Ιστρον. (Tillemont, Hist. des emper., t. V, p. 807.) Nous sommes forcés, en bonne politique, de nous servir de Zosime, quoique nous ne lui accordions ni estime ni confiance.